subtilement-elle

   J`étais allongé dans mon lit et j`ai ressenti ce besoin absolu de faire entendre à quelqu`un que j`étais toujours là et qu`il ne fallait en aucun cas m`oublier, ou bien était-ce simplement pour entendre des mots réconfortants; je ne m`en souviens plus bien. Alors ça y était, j`étais tombée assez bas pour dire à la mauvaise personne qu`il me manquait juste parce que je savais que je lui manquais en retour. Après tout, en y pensant très fort et en fermant les yeux, j`aurai pu voir son nom apparaître et m`imaginer l`espace de quelques secondes que j`avais enfin réussi à lui manquer. C`était faux, évidement. Hier, ou bien serait-ce avant hier ou encore bien avant, je n`ai plus vraiment la notion du temps; je suis parvenue à ressituer exactement le moment clé de l`histoire, celui que j`aurai du éviter à tous prix. Comme si c`était hier, d`ailleurs ça aurait bien pu être hier.
Je pouvais encore sentir sa main sur mon dos et son souffle sur mon visage; je pouvais la voir arriver et lui, sursauter, je la voyais parfaitement avec le sourire en coin pensant  "il y a anguille sous roche" je me rappelais chaque seconde. Elle m'a rappelé à la réalité : tu te fais du mal. Je me fais du mal mais ça fait tellement de bien. J`étais plus forte que ça, à la mauvaise période. J`en suis rendue à compter les jours, seulement ceux qui passent puisque je n`en sais pas plus. Mon portable sur mon lit qui sonne, mon coeur qui bat et mes yeux qui ne croient pas ce qu'ils voient. C`était le début de la fin.

    Les jours avec, les jours sans. J`ai simplifié la tâche en soustrayant mais je l`ai compliqué parallèlement. Si j'`te sa présence puis que je rajoute le vide qu`il a laissé plus toutes les larmes versées plus un manque à combler, les résultats ne sont pas bons, ils sont même médiocres. Je m`accroche, je m`accroche; et la vie reprend son court, doucement mais surement. Je le remercie d`avoir de si beaux yeux.

   Parfois quand j`y repense c`était super. On partait se ballader, on partait vers l`inconnu, on ne savait jamais vraiment vers où aller mais c`est ce qu`on aimait tant. Tous nos gestes sont désormais calculés, du banal coup de téléphone aux sorties rocambolesques (et je viens de retrouver le mot de M. BUSCA ;)) Une journée toujours plus difficile, toujours plus éprouvante, on s`habitue, et je ne dirais pas l'attendu "Ou pas" puisqu`après un certains stade, c`est comme un rituel et les larmes coulent toujours plus vite et sont toujours plus abondantes, ma gorge se noue à chacun de ses regards, et je crois qu`elle va craquer mais elle ne le fait jamais, simplement pour me soutenir et me faire savoir qu`en cas de besoin elle est là pour me porter secours; je le sais. Pourtant, quand elle m`a casiment affirmé qu`au fond de moi il y avait de l`espoir, je n`ai tout simplement pas pu lui dire que oui il y en avait encore et qu`il y en aurai probablement pendant un long moment; je me suis contentée d`un "c`est compliqué.." qui veut tout dire. C`était pourtant pas si compliqué de lui dire la vérité, mais j`ai beau être naïve,  je suis aussi lucide et je sais pertinament que l'espoir, je suis la seule à le garder. Elle m'a conseillé d'écrire, chose que je fait, chose que j'ai toujours fait. Quelque part ça me rassure, puis je me dis qu`elle est derrière moi et qu`elle m`aide, que chacun de mes mots sort de sa plume et par mes preuves de faiblesse elle devient chaque jour un peu plus forte, un peu plus battante. Ne crois pas en une éloge qui te ferait horreur, c`est juste ce qui s`est passé,  rien de plus, rien de moins.